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| Photo : pexels.com |
La terrariophilie est l'activité qui consiste à élever des animaux non domestiques, principalement des reptiles et des amphibiens, dans des terrariums. Cette passion peut être enrichissante et éducative, mais elle implique aussi des responsabilités et des devoirs envers les animaux, la nature et la société. En effet, la terrariophilie peut avoir des impacts négatifs sur la biodiversité, le bien-être animal et la sécurité des personnes si elle n'est pas pratiquée dans le respect de certaines règles éthiques et légales. C'est pourquoi la Société Herpétologique de France (SHF) a élaboré une charte pour une terrariophilie respectueuse de la biodiversité et du bien-être animal, qui vise à sensibiliser les terrariophiles et à les inciter à adopter des pratiques responsables et durables. Dans cet article, nous allons présenter les principaux points de cette charte et expliquer pourquoi ils sont importants pour la conservation des espèces, le bien-être des animaux et la sécurité des personnes.
Le respect de la loi et de la sécurité des personnes
Le premier point de la charte concerne le respect de la loi et de la sécurité des personnes. Les terrariophiles doivent se renseigner sur les législations internationales, européennes et nationales qui régissent la détention, le transport, le commerce et l'importation des animaux non domestiques. Ces législations visent à protéger les espèces menacées, à prévenir les risques sanitaires et à garantir la traçabilité des animaux. Les terrariophiles doivent donc se conformer aux règles en vigueur et obtenir les autorisations nécessaires pour détenir certains animaux, notamment ceux qui sont classés comme dangereux, protégés ou exotiques envahissants. Les terrariophiles doivent aussi s'assurer que leurs animaux ne représentent aucun danger pour autrui et que leur installation est suffisamment sécurisée contre les évasions ou les intrusions. En effet, certains animaux peuvent être porteurs de maladies, de parasites ou de venins, ou avoir un comportement agressif ou territorial. Les terrariophiles doivent donc prendre toutes les précautions pour éviter les accidents, les morsures, les griffures ou les piqûres, et respecter les règles d'hygiène et de sécurité pour les animaux et les personnes alentours. Les terrariophiles doivent également prendre conscience que certaines personnes sont phobiques ou réticentes à l'égard des reptiles ou des amphibiens, et que forcer le contact avec ces animaux peut être très traumatisant. Il est donc impératif de respecter les sensibilités de chacun et de ne pas imposer la présence ou la manipulation de ces animaux sans leur consentement.
La sauvegarde de la biodiversité
Le deuxième point de la charte concerne la sauvegarde de la biodiversité. La biodiversité désigne la diversité des formes de vie sur Terre, à tous les niveaux : gènes, espèces, écosystèmes. La biodiversité est essentielle pour le fonctionnement des écosystèmes, la fourniture de services écosystémiques, la régulation du climat, la santé humaine et le bien-être des sociétés. Or, la biodiversité est actuellement menacée par de nombreux facteurs, tels que la destruction et la fragmentation des habitats, le changement climatique, la pollution, la surexploitation des ressources, les espèces exotiques envahissantes ou les maladies émergentes.
La terrariophilie peut avoir des impacts négatifs sur la biodiversité, notamment à cause des prélèvements en milieu naturel pour le commerce international du vivant. En effet, de nombreuses espèces de reptiles et d'amphibiens sont capturées dans leur milieu naturel pour alimenter le marché des animaux de compagnie, ce qui entraîne une diminution des populations sauvages, une perturbation des équilibres écologiques, une perte de diversité génétique et un risque d'extinction.
De plus, ces animaux sont souvent capturés et exportés dans des conditions sanitaires exécrables, engendrant une mortalité massive, une souffrance animale et une propagation de maladies. La communauté terrariophile doit donc agir en faveur de la protection des espèces, même si cela réduit les possibilités d'acquisition. Il est primordial de ne pas acheter ou vendre de spécimens issus de captures et donc de ne tolérer que le commerce de spécimens nés en captivité.
La reproduction en captivité permet de réduire la pression sur les populations sauvages, de maintenir la diversité génétique, de favoriser le bien-être animal et de garantir la qualité sanitaire des animaux. Une grande méfiance est à adopter vis-à-vis du « ranching », qui consiste à capturer des animaux sauvages, à les faire reproduire en captivité, puis à vendre les descendants comme étant nés en captivité. Cette pratique est souvent frauduleuse et difficile à contrôler, et elle peut avoir les mêmes effets néfastes que la capture directe. Toute acquisition d'un spécimen d'importation doit être réservée aux éleveurs très expérimentés dans le but de le reproduire en captivité et de contribuer à la conservation des espèces.
Le bien-être animal
Le troisième point de la charte concerne le bien-être animal. Le bien-être animal désigne l'état physique et mental d'un animal, qui dépend de ses besoins biologiques, de ses capacités d'adaptation, de ses expériences vécues et de ses attentes. Le bien-être animal est une préoccupation éthique, scientifique et sociétale, qui implique de respecter les animaux en tant qu'êtres sensibles et de leur assurer des conditions de vie décentes.
La terrariophilie peut avoir des impacts négatifs sur le bien-être animal, notamment à cause des conditions de détention, de transport, de commerce et d'importation des animaux non domestiques. En effet, ces animaux sont souvent soumis à des situations de stress, de douleur, de peur, de frustration, de malnutrition, de maladie ou de blessure, qui affectent leur santé, leur comportement et leur survie.
La communauté terrariophile doit donc agir en faveur du bien-être animal, en respectant les besoins physiologiques, comportementaux et sociaux des animaux qu'elle élève. Il est essentiel de se documenter sur la biologie, l'éthologie et l'écologie des espèces que l'on souhaite acquérir, afin de leur offrir un environnement adapté à leurs caractéristiques et à leurs préférences.
Il faut aussi investir dans du matériel de qualité et installer le terrarium et son équipement avant d'acquérir l'animal, afin de s'assurer que toutes les conditions sont optimales. Il faut également veiller à la propreté, à la sécurité, à la température, à l'humidité, à l'éclairage, à la ventilation, à l'enrichissement et à la taille du terrarium, ainsi qu'à la qualité et à la quantité de la nourriture, de l'eau et des compléments alimentaires. Il faut enfin respecter le rythme biologique, le mode de reproduction, le comportement social et le caractère individuel de chaque animal, et éviter de les manipuler inutilement, de les stresser ou de les blesser. Le bien-être animal est non seulement un devoir moral, mais aussi un gage de réussite et de satisfaction pour le terrariophile, qui pourra observer des animaux en bonne santé, actifs et expressifs.
La sensibilisation et l'éducation
Le quatrième point de la charte concerne la sensibilisation et l'éducation. La terrariophilie est une activité qui peut avoir des vertus pédagogiques et scientifiques, en permettant de découvrir la diversité, la beauté et la complexité des reptiles et des amphibiens, ainsi que leur rôle écologique et leur intérêt biologique. La terrariophilie peut aussi contribuer à changer le regard que la société porte sur ces animaux, souvent victimes de préjugés de façon négative ou irrationnelle.
La terrariophilie peut donc être un moyen de sensibiliser et d'éduquer le public sur la valeur et la fragilité de ces animaux, ainsi que sur les enjeux de leur conservation et de leur bien-être. La communauté terrariophile doit donc agir en faveur de la sensibilisation et de l'éducation, en partageant ses connaissances, ses expériences et sa passion avec les autres, dans un esprit de respect et de dialogue.
Il est important de diffuser des informations fiables, vérifiées et actualisées sur les reptiles et les amphibiens, et de dénoncer les idées reçues, les préjugés ou les fausses informations qui circulent à leur sujet. Il est aussi utile de faire connaître les bonnes pratiques de la terrariophilie, les règles légales et éthiques, les sources d'information et les associations de référence.
Il est enfin souhaitable de participer à des actions de vulgarisation, de pédagogie ou de médiation, en collaboration avec des structures éducatives, culturelles, scientifiques ou associatives, afin de faire découvrir la terrariophilie au plus grand nombre, dans le respect des animaux et des personnes.
La terrariophilie est une activité passionnante, qui permet de se rapprocher de la nature et de s'émerveiller devant la diversité et la beauté des reptiles et des amphibiens. Mais c'est aussi une activité qui implique des responsabilités et des devoirs, envers les animaux, la nature et la société. C'est pourquoi la SHF a élaboré une charte pour une terrariophilie respectueuse de la biodiversité et du bien-être animal, qui propose des principes et des recommandations pour une pratique responsable et durable de l'élevage d'agrément.
Cette charte repose sur quatre points essentiels : le respect de la loi et de la sécurité des personnes, la sauvegarde de la biodiversité, le bien-être animal et la sensibilisation et l'éducation.
En suivant ces principes, les terrariophiles peuvent contribuer à la conservation des espèces, au bien-être des animaux et à la sécurité des personnes, tout en se faisant plaisir et en partageant leur passion. La terrariophilie peut ainsi être une source d'enrichissement personnel, de connaissance scientifique et de sensibilisation écologique, à condition qu'elle soit pratiquée dans le respect de la vie sous toutes ses formes.
SOURCE : http://lashf.org